Dans l'histoire du jeu vidéo, la PSP est la console qui a pour l'instant accueilli le plus de titres de courses automobiles dans les semaines suivant sa sortie. Un constat qui ne cesse de se vérifier, et qui n'a pas fait forcément le bonheur de la portable de Sony, ne proposant pas spécifiquement des titres de grande qualité. C'est alors que survient Burnout Legends, qui, bien qu'étant un autre soft axé sur la voiture de compétition, se place dans une optique bien différente. En effet, ici, tout est dédié à la démesure, à la vitesse et à l'adrénaline. Mais peut-on dire pour autant que le rugissant bolide d'EA apporte un souffle mécanique à la PSP ?
Ayant créé un engouement plus que certain lors de sa parution en 2001, Burnout apparaissait à l'époque comme la surprise sucrée et clairement bienvenue sur une PS2 et une Gamecube en manque de titres entièrement tournés vers l'arcade pure, dotés qui plus est d'une originalité nerveuse. Offrant aux joueurs une oasis de délires défoulants et de passions enflammées, il était parvenu à rallier à lui toute une communauté enchantée par cette légèreté et ce rejet des habitudes. Suivirent bien évidemment Burnout 2, et surtout Burnout Takedown, qui reprirent le flambeau pour le porter à son plus haut niveau. C'est donc dans l'ombre de ses vénérables ancêtres que le jeune Burnout Legends nous fait l'honneur de se montrer à nous. Reprenant en une sorte de grand mélange homogène l'essence des trois opus précités, cet épisode PSP tente de faire revivre la légende, et surtout d'obtenir lui aussi le statut de jeu d'arcade inoubliable, dans le domaine des portables. Un pari osé, mais qui pourrait très bien se réaliser à la vue de ce que nous offre le petit UMD. Pour le vérifier, il faudra tout d'abord commencer votre voyage dans les terres de Burnout en contemplant l'immense récolte de modes de jeu qu'il est possible d'obtenir. En effet, et ce dès le départ, vous disposez d'un mode Course Simple vous autorisant à parcourir l'ensemble des pistes débloquées pour votre simple plaisir, ou pour accumuler des points qui vous serviront ensuite à ouvrir l'accès à des voitures inédites. Cela vous évite astucieusement l'obligation de recourir au mode principal, nommé Tour Du Monde, pour récolter ces derniers. Justement, ce grand voyage que représente le Tour Du Monde est un peu le pendant d'une carrière en bonne et due forme. Commençant un peu désemparé dans une ville qui vous est inconnue avec un bolide peu recommandable, vous allez devoir faire montre de vos talents pour espérer accéder à des strates de compétitions plus élevées. En résumé, à chaque fois que vous terminez une épreuve, et selon votre médaille (or, argent ou bronze), vous dévoilez une nouvelle destination accueillant également quelques challenges à relever, qui vous ouvriront, une fois clos, les portes d'un autre pays, et ainsi de suite.
Comme Burnout se la joue psychologue en vous montrant le bien et le mal, vous pouvez aussi jouer un policier
De fait, on a vraiment l'impression de progresser, même si le manque d'un mode "carrière" à part entière se fait sentir. Néanmoins, cette obscurité passagère s'étiole dès que l'on se rend compte de la variété des situations de jeu proposées. Effectivement, au sein de chaque lieu propice à des chevauchées endiablées, vous découvrirez souvent deux ou trois types de défis différents, offrant des expériences variées et surtout très nombreuses. Vous devrez en fait jongler entre des courses classiques nécessitant de passer logiquement la ligne d'arrivée en premier, des Grands Prix vous demandant d'être constant sur trois circuits, le classement final se déterminant aux points, ou encore des Poursuites, vous plaçant dans le rôle d'un représentant de la loi devant arrêter la fuite folle d'une voiture. Néanmoins, et pour ménager le suspens, vous aurez aussi l'occasion de participer à des Duels, dont le gagnant empoche la voiture de son opposant, à des courses en mode Eliminateur, impliquant que le pilote en dernière position de chaque tour soit disqualifié, ou encore aux Road Rage, dans lesquels le but est de réduire à néant un certain nombre de concurrents avant que vos dégâts ne deviennent trop importants. Et comme dans Burnout, l'exhaustivité est de mise, il vous arrivera de faire face au désormais célèbre Contre-La-Montre, enrichi désormais du Tour Booste, dans lequel il vous incombe de boucler un seul tour dans un temps imparti. Un concept pas vraiment porteur, mais qui se noie facilement dans cette diversité globale impressionnante. D'autant que parallèlement au Tour du Monde "normal", vous avez accès à des sites de Crash, où il vous faudra prouver votre capacité à causer les accidents les plus lourds matériellement afin d'empocher une nouvelle fois les points tant convoités. Toutefois il est réellement étrange de ne pas avoir inclus totalement le mode Crash dans les épreuves classiques, obligeant à quitter ces dernières pour espérer pouvoir donner libre cours à ses instincts destructeurs. On se retrouve donc devant un tableau composé de plus de 170 épreuves différentes, aboutissant indubitablement à une densité énorme et à une durée de vie relativement étendue. A la différence de la profondeur de champ.
Les flammes qui sortent du pot ça donne toujours un style. Surtout sur ce type de voiture...
Effectivement, et malgré sa réalisation générale de qualité, Burnout Legends se laisse parfois tenter par quelques écueils assez handicapants. En premier lieu, on remarque rapidement la présence d'un clipping, certes pas spécifiquement important, mais qui pose quelques problèmes dans un titre comme celui qui nous intéresse aujourd'hui. Avec ses tracés tortueux, ses courbes en épingle et ses obstacles aux angles mortels, le soft d'EA n'autorise aucune approximation dans le pilotage, ou tout du moins nécessite une vision parfaite de l'environnement, sans quoi c'est le choc assuré. Il est donc déstabilisant d'arriver en bout de ligne droite sans bien distinguer la courbure du prochain virage, ou sans s'apercevoir de la présence d'un bloc de béton séparant deux voies. Cependant, le clipping n'est pas seul responsable. On entrevoit également une certaine carence de visibilité au niveau de l'horizon, où les pixels ont tendance à trop se regrouper et à tromper un tant soit peu sur le déroulement du prochain tronçon. Heureusement, cela ne nuit pas dramatiquement à la conduite, mais oblige souvent à connaître les circuits par coeur si l'on désire récolter quelques médailles d'or. D'autre part il faut reconnaître que certains bugs consécutifs à l'effet de ralentissement successif à un accident spectaculaire, viennent nous rappeler que la console triche comme d'habitude toujours un peu. Effectivement, il n'est pas rare que la voiture vous suivant de très près lors de votre choc avec un véhicule banal, traverse tout bonnement la carcasse de ce dernier sans autre forme de procès. Une lacune tenant plus du détail, mais qui énerve particulièrement à 300 mètres de l'arrivée. Malgré tout, Burnout Legends, par la qualité de ses décors, la modélisation on ne peut plus correcte de ses véhicules, et sa myriade d'effets spéciaux, rend honneur aux possibilités de la PSP. On regrettera simplement certaines textures faiblardes, notamment au niveau du revêtement de la route, et quelques ralentissements sporadiques. Un résultat probant, qui ne fait que soutenir la jouabilité exceptionnelle du soft.
Désolé, je n'ai pas fait exprès. Je regardais juste si je trouvais mon rasoir dans la boîte-à-gants et...
Alors que dans NFSU Rivals, ou encore dans Midnight Club 3, la prise en main s'avérait quelque peu imprécise ou encore trop souple, celle de ce Burnout PSP s'apprécie férocement, procurant des sensations identiques à celles ressenties sur consoles de salon. Une impression de plénitude ludique qui ressurgit sur le gameplay, proposant l'ajout majeur de Burnout Takedown, à savoir les Takedown justement. Sortes de manoeuvres permettant de pousser l'adversaire à la faute afin de le mettre hors piste, ces dernières peuvent être de différents types, suivant la manière dont vous choisirez de les effectuer. Entre les "poussettes" contre un mur, les collisions forcées aboutissant à un tonneau sur un rail de sécurité, ou les petites pichenettes propulsant votre adversaire contre un camion, vous avez l'embarras du choix. Un principe très amusant, mais que l'on a tendance à un peu trop utiliser, renvoyant les courses à des affrontements meurtriers, enlevant déjà le peu de technicité de la conduite. Certes le jeu baigne dans l'arcade pure, mais il serait agréable parfois de parcourir une longue distance sans se faire projeter sur un pilier de pont. Mais ce ne sont là que quelques défauts, qui n'empêchent pas Burnout Legends de représenter le summum de l'arcade sur PSP, prenant à la gorge, malgré sa vitesse d'affichage réduite. Un bon investissement si la rapidité et la folie destructrice ne vous effraient pas.